
[intro] Mon encrier est vide et j’ai le vague à l’âme Amertume du temps qui passe, je crois bien que c’est ça le drame. Amerrissage brutal de mon esprit en eaux troubles Oubli des atouts sociaux qui me fait voir le mal en double. Oubliettes sombres des recoins de ma pensée Sépulture et amertume sont tout ce qui me vient à l’idée. Désespoir du mal qui m’entoure de son voile noir, Noirceur profonde du JT de ce soir. Soirée morne des reflets de notre société Télévisée où les horreurs du monde aseptisées S’étalent en acte final de notre journée. Nécessaire halte avant de pouvoir se plonger Gérant nos friandises devant une série télé Légalisant la lobotomie générale de la population Sioniste ou pas, quelque soit la religion. On dit que la nuit tous les chats sont gris, Grièvement, j’ajouterais que tous les téléspectateurs sont pris. Prisonniers et que plus rien ne les attend, Tandis qu’ils se bâfrent, sourds aux cris distants. Tango lointain de ceux qui n’ont plus rien Indécis devrais-je m’en laver les mains Maintenant ou bien prendre les devants Vandaliser les préceptes de notre temps. Tant-pis si cela me revêt d’une étiquette de militant, Tant-pis si je vous apparais subitement d’un autre camp. Cambrer les reins pour se propulser du canapé, Pétrifié par l’horreur vais-je enfin me révolter ? Témoin amer de notre monde d’illusions, Honteux de l’oblique tangente que nous prenons. Nonobstant force est de me remémorer, Réaliser qu’aux créneaux je ne peux pas monter. Terrorisé que je suis par les foules joviales, Aller saisir ma plume et écrire : c’est ça mon geste social. À l’aise avec les mots bien plus qu’avec les hommes, Homéopathe du vers et docteur de la rime. Mais ce soir malheureusement mon encrier est vide Hideux moment d’angoisse où je deviens lucide. Identifiant sans peine que pour ne pas perdre la raison, Onze millilitres d’encre se remplacent facilement par un crayon. Rayon d’espoir à cette idée très méritante; Terrible déception : tous mes crayons réclament de l’encre. Revirement de situation déplaisant s’il n’en fut, Furax, je craque et patraque je laisse couler le flux. Luxuriant liquide lacrymal je me mets à pleurer, Raisonne alors l’espoir lorsque j’ai rempli mon encrier. Était-ce donc là le secret : le remplir de larmes ? Maintenant mon encrier est plein, il fallait juste le recharger d’âme [fade out] [fade to end] [end]
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