Sur le deuil de la porte

[instrumental intro] [verse 1] Je gare la voiture dans l’allée Où toutes les fleurs sont fanées. Ça fait longtemps que je ne suis pas venu, Et les voir comme cela, j’en suis tout ému. Quand tu étais là pour t’en occuper, Elles étaient les plus belles du quartier. Il fait nuit, personne ne m’a vu, Tant mieux, car c’est plus dur que prévu. Lentement j’ouvre la portière, Prêt à poser le pied par terre. Mon cœur va presque éclater Mes yeux sont déjà tout embués. [Chorus] J’étais perdu, alors j’ai fui. Sans toi rien ne me retenait ici. Après ton enterrement, je suis parti, Espérant reprendre goût à la vie. [Verse 2] À pas lents je m’approche du perron. Si longtemps que je n’ai pas vu la maison. Entre mes doigts moites, je sens glisser la clef, Inconsciemment je l’ai laissé tomber. Je me baisse pour la ramasser Et sens monter un raz-de-marée. Devant moi au pied de la porte, Le facteur a laissé une pile d’enveloppes. Sous mes yeux s’étale bien en clair Ton nom en lettres moulées sur la première. Je me redresse, m’essuie le nez d’un revers. De nouveau tout s’écroule dans l’univers. [Chorus] J’étais perdu, alors j’ai fui. Sans toi rien ne me retenait ici. Après ton enterrement, je suis parti, Espérant reprendre goût à la vie. [verse 3] C’est trop je n’aurais pas la force. Ton mari a perdu toute son écorce. Sur le seuil je suis mis à nu. Entrer affronter les souvenirs; je ne peux plus Revoir les murs, revoir les lieux Où nous avons été si heureux. Pourquoi ai-je mis fin à mon errance ? Je ne suis pas prêt pour cette souffrance. Tu es témoin, j’ai essayé, Mais c’est trop dur, j’ai échoué. Je me retourne et rebrousse chemin, En prenant garde de ne pas réveiller les voisins [Chorus] J’étais perdu, alors j’ai fui. Sans toi rien ne me retenait ici. Après ton enterrement, je suis parti, Espérant reprendre goût à la vie. [bridge] Dans l’enclave de la voiture Je me laisse aller à la torture. Je tremble, je crie, je pleure. Je laisse fondre la douleur. Derrière moi tout le matériel est là : Tente, sac, bottes, tout le barda. Il semble que mon périple ne soit pas fini, Encore une fois je pars en catimini. Je démarre tous feux éteints Dans la pâle lumière du matin. Ton visage dans mes rétines est gravé. Je tourne et je quitte l’allée. [fade out] [Chorus] J’ai peur alors je m’enfuie. Il n’y a vraiment plus rien pour moi ici. Sans être même entré, je suis reparti. Peut-être qu’à l’ouest cette fois j’aurais une vie. [fade to end] [end]