L'odeur du temps dans une ville endormie

[Intro] Au fond d'une ruelle étroite, je tiens un bout de papier dans ma main droite, Le front moite, je sorts un stylo de ma poche, dans une veste toute moche, Et puis je griffonne quelques peurs qui expriment ce que pense mon coeur, Un peu de beurre dans ce monde cruel, du persil, un peu d'ail et du sel. La nuit profonde, deux-trois lampadaires éclairent notre marche façon galère, Mon vieux bout de papier sur lequel j'ai couché mes pensées, et moi. On a échafaudé un plan en béton pour nous échaper de cette misère en laiton, J'abandonne l'idée de faire du marchandage de drogue au profit de celui du fromage. [Verse 2] Du lait, je vais acheter des millions de litres de lait pour te fabriquer, Je te mets dans un chaudron, je te chauffe puis de la présure et ça y est, Tu t'es transformé en caillé, je te moule, te bichonne et te préserve de la foule, Quand tu es affiné, je te fais venir par paquet emballé sous un manteau en cuir. Ta forme carrée, comme un bon vieux pavé, ta croûte de couleur orangée, Ton odeur de chaussette, tu inondes tout le quartier, on t'échange contre de l'or, Restons discret, ne nous faisons pas repérer, la concurence est prête à envoyer l'armée, On brasse la moulaga et la bière dans la même cuve en acier. [Verse 3] Fort de notre succès, on a oublié nos acquis du passé, on reproduit nos erreurs, On veut le beurre, l'argent du beurre et se faire conduire en Ubeur, On fait de ce territoir, qui a démarré d'un bout de trottoir, un véritable terroir, Il manquait seulement l'inspection de l'A.O.P., qui, je le pense, allait nous valider. J'étais le roi d'la cité, j'avais gravit les échelons d'la gloire en toute sécurité, Je possédais les bâtiments à proximité, quelques dalles de béton armé, J'allais investir dans des société écran, qui allaient maquiller nos affaires de grands, Je fournissais les élus, les stars, les autorités, les cantines et tout ça gratuitement. [Verse 4] Un jour, tu te lèves dans un lit "king size" avec un coussin rembourré de billets, Des draps en soie où à chaque instant tu risques de glisser de l'étrier, Mon énemi de toujours dans la "hess", jaloux de ce qui a fait ma richesse, A décider de mener une lutte acharnée contre mon frometon emballé. Ma villa était fortifiée, mes usines sécurisées, mes caves d'affinage protégées, Je l'attendais, lui et ses sbires qui ont décidé depuis ce jour de me nuire, C'est alors que pendant une de ces soirées de l'ambassadeur que je menais, Ma tête mise à prix allait sauter ... qui ont décidé depuis ce jour de me nuire, C'est alors que pendant une de ces soirées de l'ambassadeur que je menais, Ma tête mise à prix à ses yeux devait sauter, le pistolet mitrailleur était chargé, Je n'ai pas eu le temps de me faire la belle, je me suis servi pour me défendre de mon Babybel, Pendant que les musiciens jouaient du Mozarella, trois fois trois égal Neufchâtel, Mon Gorgonzola chargé, mes gardes du corps de la mafia, le clan Mascarpone, Me protégeaient des tirs meurtriers, un feu nourri pour m'envoyer dans le paradis, du Saint Nectaire. [Verse 5] J'ai réussi à fuir non sans être blessé mais Sainte-Maure, les assaillants avaient fait suffisamment de dégâts, Je fouillais dans une des dizaines de poches de mon costar, tiens, un bouchon lyonnais, J'étais poursuivi par les pires requins, les plus affamés, ils avaient détruit mon empire en une soirée, Pour celà, j'ai du me réfugier dans la même ruelle qui m'a accueilli moi et mon bout de papier. Mon histoire finit là ... J'ai perdu l'A.O.P., c'était tchao à tout l'quartier, Ma fabrique de frometon s'est arrêtée, je suis devenu déshérité mais heureux d'être en vie ...